BURN OUT MATERNEL

La notion de burn out maternel désigne un syndrome d’épuisement vécu par des femmes dans leur rôle de mère. Ces femmes se disent submergées par une fatigue, tant physique que psychique, dont elles n’arrivent pas à se sortir, causée principalement par la gestion quotidienne de leur(s)enfant(s).

A l’origine reliée au monde du travail, cette notion apparait peu à peu dans la littérature consacrée à la parentalité. Nombreuses sont les femmes qui se retrouvent dans ce syndrome maternel, comme en témoignent le développement des lieux d’écoute pour les mères en difficultés dans les grandes
villes françaises, ainsi que les nombreux forum de discussion en ligne. Environ 8% des parents seraient en situation de burn out parental selon les premiers résultats d’une étude belge (Roskam, Raes et Mikolajczak, 2017).

L’émergence de la notion de burn out maternel

Dès 1974, les chercheurs Freudenberger (1974), suivi de Maslach et Jackson(1981), revendiquent l’existence de caractéristiques similaires entre l’épuisement professionnel et celui observable chez les parents.

Plus récemment, Guéricault (2004) s’est intéressée à l’adaptation de ce concept au vécu des mères après avoir longtemps travaillé sur le burn out professionnel. Cette auteure soutient que le burn out maternel serait comparable en tous points au burn out professionnel et suivrait les mêmes étapes de
développement :

  • L’épuisement physique et émotionnel
  • La dépersonnalisation et le reniement des accomplissements passés, présents et futurs

Cette auteure a mis en exergue le fait que les mères déploient quotidiennement une énergie débordante pour leurs enfants qui se traduit par la patience, la tolérance, la résistance à la frustration, la capacité à gérer les conflits, l’écoute, le calme, la résistance physique à la fatigue, le dynamisme et la bonne santé. Il ressort également dans les études de témoignages des mères une grande culpabilité des mères vis-à-vis des émotions négatives qu’elles pouvaient ressentir envers leurs enfants.

Selon Verjus et Boisson (2005), le métier de parent nécessite d’être reconnu comme tel, avec sa charge mentale et physique, ses facteurs de stress et de burn out.

Quels sont les facteurs de risque du burn out maternel ?

  • La présence au foyer d’un enfant malade ou ayant des difficultés constitue un facteur de vulnérabilité empiriquement démontré. Les parents d’enfants malades seraient davantage concernés par le burn out. La perception de l’état de santé de l’enfant serait un bon prédicteur du burn out parental.
  • La surcharge de travail des mères de famille, susceptible de générer de la frustration et du stress. Bien que le partage des tâches entre les parents soit plus important de nos jours, les plus grandes responsabilités de la maison et de la famille incombent encore souvent à la mère. Ainsi la surcharge de travail, associée au caractère monotone des tâches et l’impression que les tâches ne finissent jamais, pourrait prédisposer au développement d’un burn out.
  • La perception d’absence de contrôle sur la multitude des tâches inhérentes au rôle maternel peut être particulièrement néfaste pour la santé mentale. Le sentiment d’impuissance lié à l’absence de contrôle peut être au premier plan dans la vie d’une mère et pourrait ainsi constituer un facteur de vulnérabilité vis-à-vis du burn out.
  • De nos jours, de nombreux parents sont centrés sur leurs enfants, avec l’idée de se conformer à tout prix à un modèle de parents parfaits, irréprochables. Garcia (2011) décrit cette forme d’idéalisation : «les mères doivent être disponibles et avoir des attitudes éducatives réfléchies, jouer avec leurs enfants, trouver des sanctions éducatives sophistiquées.» Cette pression liée à l’idéalisation de la maternité pourrait également représenter un facteur de vulnérabilité face au burn out maternel.
  • La notion de responsabilité importante conjuguée à l’absence de droit à l’erreur pourrait prédisposer à l’épuisement maternel.
  • Elever seule son/ses enfant(s) constitue une charge importante et indéniable pour une mère, notamment lorsque la femme est issue d’un niveau socio-économique défavorisé et obtient un faible soutien de l’entourage. Les mères seules seraient probablement plus à, risque de développer un burn out maternel que les mères élevant leurs enfants en couple.
  • La perception d’un faible soutien reçu de la part de l’entourage pourrait également prédisposer au burn out maternel. Il a été démontré que le soutien social social perçu permet de réduire la quantité de stress et de sentiments dépressifs chez les parents et d’améliorer les sentiments positifs liés à leur parentalité.

Si le burn out maternel semble toucher de plus en plus de mères, la connaissance des facteurs de
risque permettrait de mettre en exergue les différents profils de mères à risque et d’être davantage
dans le préventif.